L’article suivant est l’oeuvre de Sylvain Deauré (@Twitter), un de nos plus illustres Math Punk SEO. Sa dernière création est Qualispin, mais il était venu dans un podcast pour parler du fameux Xspin.
Sylvain intervient pour élever le débat sur les derniers mouvements d’humeur qu’on croise au travers de blogs ou Twitter, concernant la légitimité du partage des connaissances.
On a vu passer dernièrement plusieurs billets (chez Loïc, chez Vincent, chez Clément) et les commentaires associés, pour ou contre le « partage des connaissances » en SEO.
Des opinions souvent tranchées, plus ou moins bien étayées et ne reposant pas forcément sur un cas précis donnant un contexte unique à la réflexion.
J’ai eu envie de replacer la réflexion dans une approche plus large, en repartant des débuts de l’informatique.
Cet article est volontairement caricatural et incomplet, il y aurait beaucoup d’aspects à détailler, mais j’essaye de rester à peu près dans le sujet.
Hacking et partage des connaissances
Le hacking est né dans un labo du MIT, autour d’un des premiers ordinateurs.
L’objectif des premiers, des vrais hackers était d’améliorer le système (matériel comme logiciel), de le rendre plus performant, plus utile, mieux conçu (idée de beauté du code, valorisation d’astuces de programmation ou de conception).
Chacun apportait sa brique, construisait sur les briques des autres, et le résultat bénéficiait à tous (les hackers)
C’est de là qu’est issu le mouvement open source, et le motto hacker « les connaissances sont et doivent être libres ». (étendu par la suite par certains à tout ce qui est data, contre toutes les notions de propriété industrielles ou de droits d’auteur)
Les hackers partageaient uniquement entre eux (les utilisateurs « de base » étaient pauvrement considérés) et admiraient autant le cheminement de la pensée que le résultat pratique.
Ce qui était normal et qui fonctionnait dans le cadre d’un labo du MIT, déconnecté de tout enjeu commercial, a eu du mal ensuite à se confronter au monde économique réel.
Hacking et $
L’information était gratuite, mais pour l’utiliser, il fallait être soit même un hacker… et mettre la main à la pâte.
On récupère un bout de code, il faut l’intégrer, ajouter une brique, une interface…
On récupère les plans d’un micro ordinateur, il faut graver sa plaque, acheter les composants, passer 2 jours à tout souder…
Quand sont entrés en scène les « vendeurs », la communauté hacker s’est scindée.
D’une part ceux qui trouvaient normal (et utile) de fournir au grand public, clés ou kit en main, un ordinateur (contre $), puis des logiciels payants (le basic de microsoft), et d’autre part les hackers purs et durs, pour qui tout code est libre et gratuit.
Les deux visions s’affrontent encore de nos jours.
Liberté de l’information et économie ne font pas bon ménage (et il y aurait beaucoup à dire sur le sujet)
Pourtant, l’argent n’est pas le seul obstacle à l’éthique Hacker.
Hackers, Crackers, Leechers…
Les premiers hackers étaient tous des pionniers. Un territoire vierge à explorer, un monde nouveau, des applications inconnues à inventer… La beauté du geste, parfois la reconnaissance de ses pairs et un sentiment d’accomplissement personnel pour seule récompense.
La nature humaine est toutefois plus terre à terre, et d’autres « profils » on vu ce monde nouveau s’ouvrir à eux: les crackers, qui utilisent leurs connaissances non pour améliorer ou construire, mais dans leur interet propre (argent, pouvoir, reconnaissance, vengeance…), ainsi que les leechers, qui eux ne font qu’utiliser ce que des hackers leur ont donné, sans le comprendre, sans savoir le reproduire et sans conscience des effets possible.
Les scripts kiddies sont un cas particulier de leechers.
Alors que l’idée de base est le partage, on arrive bien vite à des notions de « castes »…
Hacking et SEO
Hackers, crackers, leechers et script kiddies sont tous bien représentés dans le monde SEO actuel.
Les hackers vont parler (en privé, sur des forums privés ou plus rarement en public) de leurs hypothèses, de leurs tests, des méthodes hypothétiques, de retours d’expérience, d’outils qu’ils ont détourné de leur usage premier… sans forcément attendre de retour direct de leur communication, ni exploiter ces connaissances à leur avantage.
Les crackers vont utiliser les informations qu’ils ont glané, échangé, acheté ou découvertes pour leur propre intérêt.
Se placer devant les concurrents, faire des $ sur des thématiques rentables, attaquer le concurrent (nseo, defacement…)
Les leechers sont à l’écoute des toutes les « astuces » des hackers et crackers, n’inventent et ne recherchent rien par eux même et appliquent tout ce qu’ils peuvent appliquer sans se poser de question, sans réflexion de fond.
Les scripts kiddies ont acheté scrapebox, xrumer (ainsi que xSpin bien sur), ils blastent, spamcommentent et se font copieusement insulter par les hackers.
L’Evolution
Comme le hacking qui a évolué au fil du temps, le SEO a évolué depuis ses débuts, et rencontre les mêmes obstacles.
Aux débuts du SEO, les « référenceurs » étaient des explorateurs, des défricheurs : ils étaient dans un monde vierge, avec un espace presque infini, et toute latitude pour laisser s’exprimer leurs envies.
Ceux qui savaient parler aux moteurs (balise kw, densité de kw!) avaient un avantage sur le grand public, mais l’enjeu était faible.
Internet était peu usité, il n’y avait pas de vraie concurrence, les enjeux commerciaux étaient bien moins importants.
Tous les « vieux » du référencement se souviennent avec nostalgie des débuts de l’internet, de altavista & co, et de méthodes qui prêtent à sourire aujourd’hui.
Aujourd’hui, tout est différent: Internet est omniprésent et incontournable, les enjeux financiers sont énormes et il y a de moins en moins de place sur les serps du seul moteur qui occupe l’essentiel du marché de la recherche.
Comme à l’âge d’Or du hacking, les SEOs se sont heurté aux impératifs économiques, à la concurrence. On les dépouille de leur joujou.
Pire, ce qui n’était au départ qu’un jeu, une démarche purement intellectuelle sans enjeu, est devenue une guerre entre les « seos » , qui veulent de la visibilité (au détriment des collègues) et Google, qui accessoirement cherche à réduire ce qu’il appelle de la « manipulation ».
Google utilise ses connaissances, ses ressources, pour identifier les techniques manipulatrices et les contrer.
Les Seos de leur coté sont de plus en plus (en nombre) Leecheers voire Crackers, que Hackers…
La course à l’armement est donc de mise. Un jeu de chat et de souris, en perpétuel changement, où ce qui est accepté aujourd’hui ne le sera plus demain, où ce qui semble acquis ne l’est jamais, où ce qui semblait viable et durable hier se révèlera dangereux demain.
To talk or not to talk ?
Dans ce contexte, quid du partage de connaissances…
Est-il néfaste de partager ses réflexions, ses tests, ses astuces ?
Posée telle quelle, je ne peux répondre à cette question. ça dépend !
Par contre, je peux dire que je communique différemment selon les personnes à qui je m’adresse.
Je ne parlerai pas d’arme automatique à un script kiddie; je ne parlerai pas de mes réflexions ou tests à un cracker/leecher.
Je suis au contraire enchanté d’échanger, sans enjeu, sans contrepartie, sans forcément entrer dans tous les détails, avec quelques hackers de confiance.
La connaissance n’est pas un poster truqué qu’on accroche au mur et qui nous rend beau, riche et célèbre.
La connaissance, pour être utile, doit circuler, se confronter à d’autres connaissances, s’enrichir d’une réflexion personnelle.
Un hacker qui publie, même au grand jour une idée, une piste esquissée à demi mot, ça me plait !
Un Leecher qui recopie ce qu’il a appris ailleurs, et donne des informations concrètes, ça me gène.
D’une part car c’est utilisable sans réflexion en amont, sans mesure, sans but; d’autre part car si c’est pratique et public, qui plus est utilisé à large échelle, alors Google en sera également informé, et va pouvoir l’intégrer à ses pratiques manipulatives.
En diffusant largement de l’information directement exploitable, le SEO perd des armes, des moyens d’action, des outils qu’il maîtrise.
Qui en profite ? Google. En connaissant nos outils, ils tente de les rendre caduques, et les remplace par ce que LUI estime mieux.
Suis-je Snob ? élitiste ? Je penche plutôt vers un « esprit de corps » dont je regrette qu’il se fasse de plus en plus rare au fil du temps, surtout depuis l’arrivée de la ménagerie de big G.
Retour à l’éthique
Internet est incontournable et omniprésent. Les SEOs disposent d’outils potentiellement terrifiants, tout comme Google.
Comme tout outil, l’utilisation que chacun en fait est déterminante et n’est pas à prendre à la légère. « SEO sans conscience n’est que ruine des serps » pourrait-on dire.
Le parallèle avec ce que nous faisons subir à notre environnement naturel est frappant.
Nous avons à notre disposition des outils puissants, dont nous usons sans réflexion à long terme, sans toujours comprendre leurs conséquences, sans véritable besoin.
Pourquoi on le fait ? parque qu’on peut ! Le résultat ? On surnage dans de la merde.
Le SEO , pour beaucoup, est une « sweet technologie » , dont on oublie, volontairement ou pas, les effets néfastes.
L’Ethique, seule, peut servir de garde fou (livre à lire L’Ethique des hackers par Steven Levy de Wired Mag).
Une éthique non pas basée sur des critères « white hat » ou « black hat », qui n’ont aucun sens dans le contexte présent, mais bien sur la prise en compte de l’environnement, dans une optique à long terme.
La « lutte » contre un acteur prédominant qui monopolise et étouffe le marché se doit d’être intégrée à la réflexion.
La divulgation libre, publique, d’informations précises et directement actionnables est-elle alors une bonne chose ?
Crédits image intro : Sylvain Deauré via Pulp O Mizer
La transposition entre les 2 mondes est efficace et moi-même j’ai du mal à me positionner : 95% white hat (comme tout le monde je fais des expériences quand même), je ne me sens pas script kiddie après plus de 5 ans de pratique mais en aucun cas au niveau de références comme Olivier Duffez (par exemple) dont c’est le seul et unique métier
je pense que le partage du savoir, chacun à son niveau, est essentiel pour l’éthique : si on peut être fier de faire évoluer un « plus petit », il est toujours utile de pouvoir se faire aider par un « plus grand » et la transparence permet d’éviter les dérapages.
Bonjour Laurent, et merci pour cet aperçu historique. Le partage des connaissances, mais avec n’importe qui non. Effectivement certains sont là pour gober tout ce qui passe sans se poser de questions. J’aime beaucoup en tout cas ce côté partage de connaissance. Il faudrait également une éducation audon. Combien d’entre nous utilisent le fruit de connaissances, en profitent bien même, et ne pensent pas à verser une petite contribution. Le SEO est un radin à ce qu’il parait 🙂 Si nous étion plus dans cet état d’esprit, peut-être que beaucoup plus d’initiatives se développeraient.
Article très intéressant. Et, pour ce qui est du côté « baclé volontairement », tout est relatif, car il m’est apparu très complet de mon point de vu.
Il est clair qu’il faut faire circuler l’information. Mais sur un blog, aux yeux de tous, il est vrai que cette info n’est pas obligée d’être exhaustive… J’aime bien en ce sens les articles de Christian Méline alias @HumanEsaySpin qui fait des articles très pertinents mais en laissant toujours le lecteur finir le raisonnement tout seul.
à l’inverse total, j’ai écris un article, bien plus modeste (mais pas plus modestement), sur l’économie de l’information en SEO sur mon blog.
Bonjour Sylvain et Laurent.
L’analogie entre le Hacker et le SEO est très parlante.
Dans les grandes lignes, je suis assez d’accord avec la notion évoquée, à savoir que l’outil n’est ni bien ni mal c’est seulement son utilisation qui va distinguer la perception que nous allons en faire.
Et c’est effectivement la même chose avec une information.
Perso, je pars toujours du principe que de donner la solution à quelqu’un n’est pas lui rendre service car cela ne l’aide en rien.
Il est préférable d’effectuer soit même le chemin vers la ou les solutions.
Ainsi, il est clair qu’il faut avoir un minimum d’éthique pour ne pas choisir la solution de facilité qui est de définir la connaissance comme du pouvoir et donc qu’il est possible d’utiliser ce pouvoir pour le transformer facilement en argent.
Que ce soit par le biais d’une formation ou d’une simple conversation, il est nécessaire de prendre le temps d’expliquer et d’entendre également le point de vue la personne.
Bref, j’écris un peu ce qui me passe par la tête et je ne sais pas si c’est cohérent mais en tout cas, cet article me parle et j’adhère complétement à l’idée d’éthique que ce soit dans le SEO ou tout autre travail.
Merci Sylvain.
« Ca dépend ». Oui, effectivement, je ne pense pas que les opinions sur la question devraient être aussi tranchées. A mon sens, tu mets le doigt sur un ressort important du partage des connaissances : l’adaptabilité face à son interlocuteur. Partager, peut-être, mais pas n’importe quoi avec n’importe qui… Et comme tu le dis si bien, la connaissance a besoin de circuler pour s’enrichir ; c’est de la confrontation des idées que naissent les sentiers battus et les territoires inexplorés, la Terra Incognita du SEO, toujours conditionnée par le diktat de Google. Une connaissance qui ne sera d’ailleurs pas toujours pérenne, soumise aux aléas du Géant.
Diffuser de l’information n’est toutefois pas la causalité première aux réactions épidermiques de Google. C’est surtout ce que l’on en fait. Et c’est là où l’on rejoint l’éthique, « SEO sans conscience n’est que ruine des SERPS » (chapeau, j’aime bien la formule). Tout l’art réside dans une utilisation discrète – et intelligente des outils pour pérenniser ses sites, si tant est que le long terme existe en SEO (ce dont je doute personnellement, mais pourquoi pas, on peut toujours me convaincre du contraire 🙂 ).
Merci pour la mention, Laurent !
De mon côté, comme tu le sais, c’est avant tout et depuis le départ la curiosité qui me pousse en avant, et le plaisir aussi, suscité par les découvertes, les tentatives heureuses (les malheureuses, elles, poussant au cul et empêchant de s’endormir sur les plus heureuses).
Certes j’ai moi aussi bénéficié des plans refilés par d’autres, j’ai moi aussi usé et abusé des footprints glanés sur les forums BH US, mais ce sont surtout et avant tout eux qui m’ont fait comprendre qu’en utilisant tous les mêmes plans, non seulement on se retrouvait avec les mêmes profils de liens, mais en plus on pouvait cramer des plans trop simples (le nombre de Pligg et de Semantic Scuttle surcramés sur lesquels je suis tombés me l’ont fait comprendre, puis la désindexation de tous ces bons vieux digg like hébergés gratuitement).
Bref le découverte de la notion même de « footprint » a été LA découverte ! Parce qu’elle m’a poussé à la curiosité, à la recherche, à l’utilisation plus subtile d’un scrapebox. Quid de l’échange ? Eh bien j’en suis revenu, depuis que je me suis rendu compte du trop grand nombre de « leechers » (que je préfère appeler en bon vieux frenchy « baltringues » ou « pompeurs ») dans le milieu. En effet quand l’idée de footprint me poussait à la curiosité et que je pensais pouvoir échanger mes trouvailles avec mes confrères (dont j’étais ravi qu’ils m’accueillent à bras ouverts dans leur monde), je me suis rendu compte que pour nombre de SEO, footprint voulait dire « plan à l’oeil » et que ma curiosité se trouvait violée par la fainéantise et la cupidité d’autres.
Aujourd’hui mes échanges se font donc en comité très restreint (en gros Loïc et toi) et mes trouvailles, je les garde pour ce petit comité. Comme ça, elles durent plus longtemps 🙂
Bonjour Laurent,
Super article, je savais pas que l’open source avait pris sa source comme ça.
Peut être qu’il y a une différence aussi à faire au niveau des plans.
Est-ce que certains plans doivent rester cacher ?
Est-ce que d’autres ne doivent pas être affiché parcqu’ils sont déja en parti grillé pour que google s’occupe de celui là pendant que celui qui dévoile le plan a déja trouvé autre chose et créer une forêt pour cacher son arbre ?
Est-ce que pour certains outils il ne faudrait au contraire pas donner plus d’infos pour que cela ne soit pas trop mal utilisé ?
Parfois je serais tenté d’aller appuyer sur les boutons pacque ça fait gagner du temps, par contre les leechers vont appuyer sur le bouton sans réflexion et tout le monde va se plaindre que son forum blog et autre a été blasté.
Bon je vais aller de ce pas aller voir xspin 🙂
Ping : Hacking et SEO, un petit jeu
Bonjour @Tous, et merci à Laurent de m’avoir permis de m’exprimer ici.
Quelques réponses:
@RenaudMG
« je pense que le partage du savoir, chacun à son niveau, est essentiel pour l’éthique ».
Oui, l’éthique se nourrit de l’expérience, des erreurs passées, d’une vision à long terme qui se construit sur l’échange, le dialogue et l’histoire.
@Régis
« J’aime bien en ce sens les articles de Christian Méline[…] »
Exactement, je pensais justement à un de ses articles en écrivant le mien. Laissons travailler un peu le lecteur. La même piste ne sera pas exploitée de la même manière, dans la même direction, avec la même persévérance par deux personnes différentes, et c’est fort bien comme ça. La variété est essentielle, à tous les niveaux.
@Nicolas Augé
« donner la solution à quelqu’un n’est pas lui rendre service car cela ne l’aide en rien. »
On retrouve cette notion dans la communauté hacker bien sur. Cela n’aide pas la personne, et cela n’aide pas non plus la communauté. Celui qui explore une piste à sa façon fait avancer tout le monde, et va établir un avant poste à partir duquel d’autres avanceront plus loin.
Celui qui ne fait que suivre le goudron à bord de son fourgon pollue, sans plus.
Ca rejoint ce que dit Alex, « c’est de la confrontation des idées que naissent les sentiers battus et les territoires inexplorés ».
@Vince: « Eux qui m’ont fait comprendre[…] »
Toujours cette notion d’expérience, d’apprentissage des erreurs passées.
C’est bien à chacun de continuer à apprendre, à partager, échanger, à montrer aux « nouveaux nés » les conséquences d’actes irréfléchis.
C’est du boulot, qui plus est de nombreuses sources d’informations œuvrent (par naïveté ou intérêt commercial) à l’inverse, mais si chacun de nous se replie sur son microcosme, la situation ne fera que s’aggraver.
C’est comme pour l’environnement naturel: il ne suffit pas de dire « je fais comme tout le monde, je m’y mettrai quand les autres agiront de manière responsable ».
Nous avons des valeurs, nous avons l’expérience de nos erreurs passées, à nous de les transmettre pour faire murir la communauté.
Merci pour cet article, très intéressant. Un point m’a particulièrement fait réagir Sylvain, c’est quand tu dis :
« Liberté de l’information et économie ne font pas bon ménage (et il y aurait beaucoup à dire sur le sujet) »
Il y a effectivement beaucoup à dire sur le sujet. Je dirais dans un premier temps que la liberté est un des principes de base d’une économie saine et florissante – contrairement à ce que nous rabâche sans cesse la vulgate anti-libérale.
Si l’on s’en tient uniquement au cas de la liberté de l’information, puisque c’est de dont tu parles ici, j’ajouterais qu’en elle-même elle n’est pas non plus une ennemie de l’économie. Elle est en fait et en effet un élément de stress pour elle, si l’on peut dire, dans la mesure où elle la force à s’adapter, à trouver de nouveaux modèles. A faire ce qu’elle a toujours fait en somme. Mais évidemment c’est un des grands enjeux d’internet, notamment au sein d’une vaste problématique « gratuité et liberté » (les deux notions étant largement confondues, ce qui n’est pas ton cas évidemment 😉 ).
Excellente comparaison Sylvain et vraiment le point le plus important de ton article selon moi est l’enjeu financier.
Parce que à la base, je suis sur que s’il n’y avait pas d’enjeu financier, les seo ne réagirait pas comme ils ont fait.
Je prends mon cas par exemple, mon métier est développeur web, je fais du seo plus par passion que pour vraiment gagner de l’argent, je m’en fou qu’un plan soit dévoilé et que google le corrige, ça n’a aucun impact financier pour moi alors que pour ceux dont le métier est le seo c’est autre chose 🙂
Partager une connaissance n’est pas forcément partager une compréhension
…
Le rappel de Laurent sur l’histoire du hacking me rappelle l’époque où, étant étudiant mais pas en informatique car cela n’existait pas (je vous parle d’un temps avant l’apparition du PC), on avait construit un ordinateur (genre gros comme un frigo de mini bar) et où on passait notre temps a faire des combat de programmes dont le but était de remplir l’écran avec sa couleur (genre de vers ou virus :mrgreen:)
Pour en revenir au partage du savoir, je rejoint Christian Meline : plus qu’un savoir, c’est une compréhension que l’on doit partager (c’est d’ailleurs la base de la pédagogie).
Personnellement je n’utilise une technique (dans quelque domaine que ce soit) que lorsque j’en ai compris les mécanismes, les tenants et les aboutissant (ce qui fait que parfois, je ne l’utilise pas, mais en connaissance de cause).
J’ai coutume de dire « partager le savoir, c’est savoir partager » (je vous laisse méditer la dessus) Une communauté « éduquée » est plus forte qu’une communauté qui « sait ».
Pour ce qui est de l’éthique, c’est un peu plus délicat. Parler d’éthique c’est émettre un jugement moral sur une pratique ou même une personne et cela revient à dire c’est bien ou c’est mal, cela introduit une hiérarchie, et de fait cela fractionne une communauté en clans…
C’est humain, mais j’aime pas ça.
Que l’on définisse une éthique pour une profession, soit, mais le SEO n’est pas qu’une profession !
Je crois qu’on a tout faux, car la plupart des arguments présentés par les défenseurs du secret son facilement démontables.
Ainsi par exemple : Lorsqu’un conférencier livre des conseils et s’adapte à son audience de noobs jusqu’à livrer des plans directement exploitables ou presque : il vend un savoir, il est payé pour échanger sa connaissance contre de l’argent. L’audience n’a pas payé pour comprendre le sens de la vie (GoTo 42; On-Error-resume-next) mais bien pour repartir avec du concret.
Lorsqu’un SEO se fait payer des apéros par des prospects qui ont compris qu’un peu de social enginnering leur suffirait à connaître les grandes lignes d’un métier.
Lorsqu’un noob fait du linkbaiting en cramant publiquement un plan sur internet
Lorsqu’un développeur livre ses réflexions sur son blog,
etc
Où est l’échange là-dedans ?
Quant aux savoirs censés être dilapidés à tout va, cela fait bien longtemps qu’on ne relit que des articles réchauffés qui n’apprennent plus rien.
Ah si dernièrement Pagetronic a bien divulgué quelques trucs, vite retirés d’ailleurs : il fallait faire sa copie pendant qu’il était temps.
Bref. L’éthique hacker ? Un truc qui n’a pas survécu l’épreuve du monde moderne ? trop d’enjeux, de pression, d’argent ? Dans un environnement dont les interdépendances toujours plus nombreuses et instables ne permettent plus de croire qu’on comprend un maillon de la chaîne ? RIP RTFM
Hello à tous,
Encore un bon débat comme je les aime ;-). merci Laurent de l’avoir lancé ( je confirme : hormis le début, ce n’est pas si « survolé » que ça…).
Bon c’est un peu trop technique pour moi mais j’aimerais quand même revenir un peu sur le parallèle échange d’infos entre une communauté pure dev, vs une communauté de SEO experts/dev WH BH… La grosse différence entre ces 2 communautés vient effectivement de l’omniprésence de google et des enjeux financiers/concurrentiels qui en découlent… Là où des devs vont s’entraider sur des connaissances à maitriser sur des projets disparates et où le produit n’est pas forcément/uniquement le facteur clé de succès, la communauté SEO se trouve confrontée à partager les mêmes techniques, les mêmes outils, les mêmes idées de dev ….pour obtenir les MEMES RESULTATS sur une plateforme UNIQUE et donc le potentiel est limité généralement à une page de Serp… Sans parler de la pression de résultats imposés par des clients concurrents qui bossent dans des secteurs eux aussi limités (voyages, fringues, high tech, voitures et autres produits/services mainstream…)… Bref tout ça pour dire que même pour une communauté SEO qui part avec les meilleures intentions du monde pour partager ses connaissances…bah au bout d’un moment les défiances, rétentions d’infos et autres suspiscions arrivent c’est logique…
Bref pour résumer : contrairement à la communauté « dev purs », la communauté SEO doit un jour ou l’autre se battre contre elle même : un terrain de jeux ultra limité, des clients exigeants avec de gros intérêts financiers, des leechers/parasites/débutants qui brouillent/complexifient des techniques qui ne marchent désormais que 3 à 6 mois… Bref, tout ça fait qu’on peut réfléchir à 2 fois avant de balancer à tout le monde le dernier conseil de la mort qui tue…
Je rebondirais enfin sur les propos de Christian : Savoir vs Compréhension… Effectivement ça lance un autre débat : pourquoi partage t’on son savoir ? Pour :
– se prouver qu’on est expert ?
– kiffer en faisant grandir les autres ?
– rebondir sur le savoir, interractions, questions et problématiques des autres pour s’améliorer soi même…
– appartenir à une communauté ?
Bon j’arrête là mes réflexions, la communauté des judokas de 7 ans m’attend pour partager son savoir 😉
Il n’y a plus grand chose à hacker, les gens donnent toutes leurs données privées sur les réseaux sociaux, tout est public :d et si ce n’est pas assez, hadopi à ouvert le robinet sur leur connexion internet, du coup les gouvernements peuvent écouter librement et en toute légalité…
« Pour un hacker, utiliser des logiciels sans avoir la capacité de comprendre comment ils fonctionnent et de les améliorer, c’est un abandon de souveraineté. C’est accepter la limitation des connaissances ; accepter le pouvoir de la machine sur l’homme quand, dit Matthias Kirschner, les logiciels devraient faire ce que tu leur demandes, pas le contraire ; c’est accepter, enfin, le pouvoir des constructeurs sur les utilisateurs. »
Amaelle Guiton
Ouais on surnage dans la merde c’est bien ça.
En 10ans, 20ans même, le monde a changé, et c’est cette nouvelle génération née avec un iPhone dans sur la bouche qui nous a imposé ça, cette génération NikeAir qui n’a plus que le mot profit à la bouche.
Les marchands, les leechers, et les leechersTransleters ont dû se reconnaître, mais je crois qu’ils en ont rien à carrer de tout ça, y a crédit et carrière avant de penser à l’éthique.
C’est malheureux mais le seo, le commerce même, n’est qu’un triste reflet de notre société.
« La « lutte » contre un acteur prédominant qui monopolise et étouffe le marché se doit d’être intégrée à la réflexion. »
La boite de Pandore est difficile à garder fermée d’un côté, après je vois ton point. A quand une charte éthique des blogueurs SEO ? Le retour à la netiquette… ça en fera sourire certains.
Pour ma part, je n’envisage pas le SEO du côté automatisation ni développement, donc j’avoue, je m’en tamponne, je markete mes sites d’un point de vue global, à la cool, pas besoin de hack quand on est patient…
Wow, Merci pour les participations, il y a de quoi réfléchir !
@LaurentM
Merci pour indiquer les chemins complémentaires à explorer.
« Un des grands enjeux d’Internet »: je dirai même plus, car est-il encore possible de dissocier Internet de notre mode de vie, de notre société ?
@Ricardo: Exactement. Les enjeux sont très variables selon l’individu et le niveau de confiance en l’autre, le risque associé à une divulgation d’information en dépend directement.
@Blogmestre: L’éducation, tout à fait. Pour l’éthique, c’est tout de même lié: une grosse partie de l’éducation, qu’on le veuille ou non, est de la transmission de valeurs morales…
« Que l’on définisse une éthique pour une profession, soit, mais le SEO n’est pas qu’une profession ! »
Pour préciser ma pensée, je me méfie des étiquettes comme de la peste, je sais qu’il n’y a pas deux seos identiques, et mon propos n’est absolument pas de définir UNE éthique pour le SEO.
Par contre, le fait pour chacun d’avoir des valeurs qui lui sont propres, SON éthique, à la lumière de laquelle il va agir, communiquer ou pas est un élément essentiel.
Le partage, l’éducation, la transmission ou le rappel d’éthiques « historiques » vont dans ce sens, pour permettre à chacun de se construire.
@Master : Baisser les bras est une solution de facilité.
@Master, @Pagetronic : Bien que la masse et la communication publique puissent donner cette impression, il existe des individus (yc dans la « nouvelle génération ») qui redonnent espoir et foi en la nature humaine.
L’esprit Hacker n’est pas mort.
@Renaud: Merci pour ces réflexions complémentaires.
Le pourquoi du partage ? En effet, l’Ego y joue souvent un rôle important.
Dans l’optique hacker, c’est en partie pour améliorer/corriger le système; J’ajouterai : participer à quelque chose de plus grand.
@Patrice: Résumer le hacking, dans son sens premier, à la collecte de données personnelles, c’est pour le moins réducteur.
@Tom Oweia: cf ma réponse à Blogmestre pour l’aspect « netiquette », qui n’est pas du tout mon propos.
Oui, bien sur pour l’aspect vision globale des sites et de leur finalité, c’est un autre boulevard à explorer 😉
« pas besoin de hack quand on est patient… » nous n’avons pas la même définition du mot. « hacker un site », c’est un abus de langage, ça n’a que peu de lien avec un hack dans son sens noble et premier.
yO Sylvain, toujours une vocation l’éducation je vois 🙂
Une idée que j’ai déjà soumise à beaucoup de monde
http://pagetronic.blogspot.com/2013/10/appel-la-raison-un-micro-blog-systeme.html
Désolé pour le Spamly Laurent, mais je te rends la balle de temps en temps 😀
à lire avec attention et à développer dans votre tête pour ceux qui accrochent, je vous ai épargné les 5K mots au profit de votre développement personnel, j’ai posé l’idée de base, j’espère que cette vision là du partage vous motivera mon mail c’est pagetronic